La jeune femme blonde marche d’un pas vif sous le léger crachin qui inonde Paris. L’homme, d’un âge avancé, lui emboîte le pas quand elle tourne dans la rue des Ecoles. Il la suit pendant quelques minutes en silence pour ne pas se faire remarquer. Il admire son allure princière, sa démarche majestueuse, son port de tête altier. Il hésite sur l’attitude à adopter, attend le moment propice pour lui adresser la parole.
Quand les rayons d’un soleil timide osent enfin percer les nuages amoncelés dans le ciel, l’homme se décide à aborder la promeneuse.
- Veuillez m’excuser, Mademoiselle, j’aimerais vous entretenir d’un sujet qui me tient particulièrement à cœur, dit-il d’une voix qui se veut rassurante.
La jeune femme dévisage l’importun avec arrogance ; ses yeux clairs et perçants tentent de le dissuader de poursuivre l’entretien. Elle ne prononce pas un mot et allonge le pas imperceptiblement.
Vincent est bouleversé par la ressemblance de la passante avec celle qu’il a connue, qu’il a aimée, voici plus de trente ans. Décontenancé, il ajoute en baissant le ton :
- Je comprends que vous soyez étonnée, même choquée par ma conduite, mais il faut absolument que je vous parle...
